Venez goûter, apprendre et comprendre l’eau… telle est la promesse de la Maison des Eaux Minérales de Vic-sur-Cère, où Marie-Christine Citerne officie chaque saison dans le cadre d’une visite guidée permettant de sensibiliser les visiteurs au passé de Ville d’Eau de la cité cantalienne mais également aux grands en-jeux actuels en matière de préservation de la ressource.
A mi-chemin entre Aurillac et Le Lioran, Vic-sur-Cère constitue sans conteste une base touristique de choix pour qui souhaite découvrir les plus beaux sites cantaliens. Pour autant, peu de visiteurs savent que la commune fut en son temps une ville où l’on pouvait se soigner par les eaux et c’est pour pallier ce constat que la commune décida en 1994 de créer la Maison des Eaux Minérales. Située face au kiosque, dernier vestige du thermalisme vicois, cette dernière, entièrement réhabilité en 2003, abrite aujourd’hui une exposition permanente sur l’histoire de Vic-sur-Cère et sur l’eau en général ainsi qu’une fontaine permettant de goûter l’eau de Vic.
“La Maison des Eaux Minérales est véritablement un lieu magique, très pédagogique, et qui permet une réelle prise de conscience sur la place de l’eau à Vic-sur-Cère. Souvent les visiteurs trouvent ici l’explication à l’atmosphère de villégiature thermale qu’ils ressentaient depuis leur arrivée dans la station mais sans parvenir à en déterminer la cause”, explique Marie-Christine Citerne, agent administratif en charge de la communication à la mairie de Vic-sur-Cère et responsable de la Maison des Eaux Minérales. “De fait, si nous ne disposons plus aujourd’hui d’établissement susceptible de dispenser des soins thermaux, nous avons encore la chance de posséder un casino, un théâtre de verdure, une salle culturelle ainsi que des tennis et de nombreux hôtels, comparativement au nombre d’habitants… autant d’attributs qui contribuent à l’ambiance des Villes d’Eaux.”
Cette Maison entre désormais dans le monde du numérique avec un nouveau média (table tactile ludique et pédagogique) et une application sur le thème de l’eau. Ce début de réhabilitation s’inscrit dans un programme encore plus vaste puisque la commune de Vic sur Cère fait désormais partie de la Route des Villes d’Eaux du Massif Central qui rassemble 18 villes thermales ou anciennes villes thermales d’Auvergne-Rhône- Alpes.
Des visites riches en anecdotes historiques
Géologue de formation et ancienne animatrice pour la protec-tion de l’Environnement, Marie-Christine Citerne s’est passion-née pour l’histoire de Vic-sur-Cère, ce qui lui permet aujourd’hui de proposer des visites guidées pleines d’anecdotes, s’ap-puyant pour cela tant sur des recoupements d’archives que sur la scénographie du musée. “Parmi les anecdotes liées au ther-malisme vicois, les visiteurs sont souvent étonnés d’apprendre que la Reine Margot fut soignée aux eaux de Vic à la fin du XVIe siècle et que c’est de ce voyage qu’elle ramena la bourrée à la cour. De même, on raconte que c’est après avoir bu de l’eau de Vic qu’Anne d’Autriche tomba enceinte de Louis XIV”.
Au rez-de-chaussée, la suite de la visite nous apprend que, si Vic-sur-Cère comptait plusieurs illustres curistes avant la Révolution, c’est bien dans la seconde partie du XIXe siècle que la station connut son âge d’or. De fait, la ville doit beaucoup à Antoine Fayet, maire de l’époque, qui racheta la source après avoir remarqué que cette dernière était ferrugineuse, bicarbo-natée et gazeuse. Déclarée d’intérêt public en 1890, la source fut alors exploitée tant sous forme d’eau embouteillée que dans le cadre de thermalisme médicalisé et c’est d’ailleurs à cette époque que furent construits les thermes, aujourd’hui disparus, ainsi que le kiosque et les premiers hôtels. “Parmi les curistes les plus illustres accueillis à l’époque moderne, on peut citer la Reine Ranavalona III, qui avait été Reine de Madagascar, exilée alors en 1897, en Algérie par le Général Galliéni, et qui séjourna environ trois mois en Auvergne et trois semaines au Grand Hôtel de Vic, propriété de la Compagnie d’Orléans, – l’une des plus importantes compagnies de chemin de fers de l’époque -, en 1903”, explique Marie-Christine Citerne.
Expédition de bouteilles dans la France entière, accueil de curistes illustres… on aurait pu croire la station définitivement lancée. Pour autant, il n’en est rien. De fait, deux tragédies, à savoir la mort prématurée d’Antoine Fayet en 1909, suivie de près par la première guerre mondiale, marquèrent le début du déclin du thermalisme et de l’exploitation de l’eau miné-rale vicoise. Plusieurs personnes, dont deux médecins, en l’occurrence les Docteurs Lambert et Delort, tentèrent successivement de sauver l’établissement thermal au cours du XXe siècle mais ce dernier fermera finalement définitivement ses portes en 1965, faute de rentabilité.
Si les thermes n’existent plus, il est toutefois toujours possible, dans le cadre de la visite mais également du côté du kiosque thermal, dans un petit parc au charme indéniable, situé face à la Maison des Eaux, de goûter à l’eau qui fit la renommée de Vic, à savoir une eau chloro-bicarbonatée ferrugineuse émergeant à une température de 12°C. D’ailleurs, sans la goûter, la seule couleur de la fontaine vous convaincra aisément de la présence de fer en quantité non négligeable dans cette eau réputée pour avoir des propriétés diurétiques et digestives.
Enfin pour l’hébergement, une Résidence hôtelière 4 étoiles intégrée au resort, à mi-chemin entre hôtel et meublé de tourisme (une cuisine est disponible dans chaque appartement), permet un accès immédiat aux espaces de soins tout en offrant à chaque résident confort et quiétude. Du studio à la suite 2 pièces, elle propose tout le confort nécessaire à la détente avec de vastes espaces, des terrasses et des balcons ainsi qu’une décoration raffinée, inspirée de l’art déco.
L’eau dans tous ses états
A l’étage, l’ambiance est davantage scientifique. Il y est question de molécule, de globe terrestre et de minéraux. De fait, on y apprend que c’est au contact des roches traversées lors de son parcours souterrain que l’eau se charge en divers minéraux, ces derniers étant répartis en cations (les ions positifs) et en anions (les ions négatifs), dont on retrouve les noms et la concentration sur les étiquettes de chaque eau embouteillée. D’ailleurs, les férus de réglementation trouveront ici l’explica-tion juridique qui se cache derrière les appellations “eau de source” ou encore “eau minérale naturelle”.
Puis vient le moment d’évoquer les différents biotopes liés à l’eau, comme les lacs, les rivières ou encore les tourbières. “C’est souvent dans cette partie là de la visite que certaines personnes ont des révélations, à la faveur des explications que je donne ou bien des discussions que cela entraîne entre les visiteurs”, explique Marie-Christine. “Un jour, une dame qui uti-lisait l’eau de Javel depuis toujours lorsqu’elle faisait le ménage a compris que cela n’était d’aucune utilité et que, au contraire, cela était mauvais par rapport à la pollution et enfin qu’elle met-tait de l’eau de Javel dans de l’eau potable”.
En fin de visite, une scénographie animée autour de la légende de la Fée de la Source et du Drac, gnome hirsute bien connu des légendes cantaliennes, permet d’expliquer aux plus jeunes l’émergence des sources de manière poétique.
Intéresser les enfants, tel est d’ailleurs le nouveau défi que s’est lancé Marie-Christine, à travers la création d’une malle pédagogique itinérante autour du thème de l’eau : “L’enjeu pour nous est de sensibiliser les écoliers à l’eau et de les inciter à venir visiter la Maison des Eaux Minérales : ils pourront ainsi non seulement se réapproprier leur histoire mais également apprendre plein de choses autour de l’eau, sous toutes ses formes… et surtout, apprendre à la préserver !”